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Bien choisir ses câbles de guitare : optimisez votre son

Les câbles sont bien entendus indispensables au guitariste, car ce sont eux qui permettent de relier guitare, pédales et amplificateur. Les câbles existent de toute forme, longueur et couleur, et chacun a ses préférences ! Cependant, tous les câbles ne sont pas égaux quand il s’agit de conserver la qualité de notre signal de guitare. Je vous explique tout dans cet article.

1. La forme, la texture et la couleur

La première chose à regarder dans un câble, c’est d’abord s’il vous convient ! Parfois il est utile d’utiliser un code couleur pour se repérer sur son pedalboard ou sur scène. Vous pouvez également choisir des câbles texturés style Fender tweed, tressés ou au contraire tout en plastique. C’est au goût de chacun ici, je ne vais pas vraiment m’étendre sur cela, car c’est plutôt la forme qui m’intéresse.

Si vous hésitez à fabriquer vos propres câbles, sachez déjà que cela est moins coûteux que de s’en procurer des neufs et c’est une activité assez ludique ! Il faudra cependant faire attention à ce que le diamètre du câble sélectionné soit compatible avec les connecteurs jack que vous avez choisi. Si celui-ci est trop fin, le câble sera mal maintenu et risque de tirer sur les soudures. Si à l’inverse, il est trop épais, vous n’arriverez pas à refermer les connecteurs !

Certains câbles forment des spirales, c’est par exemple ceux que préfère Julien Bitoun sur scène pour relier sa guitare à son pedalboard. Les câbles spirales ont une forme qui les empêche de s’emmêler lorsqu’on les manipule, pratique ! Si vous prenez bien soin d’enrouler vos câbles correctement, cela ne devrait cependant pas souvent arriver avec des câbles droits habituels.

Enfin, les câbles ultraplats sont parfaits pour monter un pedalboard. Ils vous permettent de mieux coller les pédales les unes aux autres tout en restant flexible. Regardez du côté des câbles Rockman ou EBS Flat Patch pour cela.

2. Câble et électronique

Parlons maintenant de ce qui nous embête le plus : on a tous dans un coin un câble pourri qui tue le son dès qu’on le branche. En cause, le terme le plus complexe à expliquer à des novices en électronique : l’impédance. Tout d’abord, les câbles de guitare sont composés de deux conducteurs : l’âme au centre, transporte le signal de guitare, et la tresse située tout autour de la gaine de l’âme vient prolonger la masse tout en blindant le signal pour éviter les parasites. Vous voyez aussi sur le schéma suivant un blindage dit électrostatique, mais oublions-le pour que l’explication puisse rester simple.

Schéma d'un câble

Les conducteurs ne sont pas électriquement parfaits : chacun dispose d’une résistance qui lui est propre et qui provoque des pertes dans le câble-même. De la même façon, un fil parcouru par du courant forme une spire, et en plus de l’effet résistif, présente un effet dit inductif, et qui s’oppose au passage des aigus. Fort heureusement, ces deux phénomènes sont absolument négligeables : la résistance d’un câble de guitare est de l’ordre de 100Ω par kilomètre, soit à peine 1Ω pour 10 mètres de câble !

NB : Ω c’est le symbole de l’ohm, l’unité de mesure de résistance.

Mais alors, d’où viennent les pertes d’aigus et d’attaque qu’on peut entendre sur de mauvais câbles, ou des câbles trop longs ? Eh bien c’est le dernier paramètre qui va nous intéresser : la capacité parasite du câble. Deux conducteurs éloignés par un isolant forment toujours un condensateur, qui est dit « parasite » lorsque ce phénomène apparaît de façon involontaire. Or, la tresse est justement enroulée tout autour de l’âme et isolée par la gaine de cette dernière, et le condensateur formé n’est pas du tout négligeable, lui ! On monte facilement à 100 ou 200pF par mètre de câble.

NB : pF signifie picoFarad, le Farad étant l’unité de mesure de la capacité électrique. Un picoFarad, c’est un millionième de millionième de Farad !

En soit, cela ne poserait pas de problème tout seul, ou juste après un buffer, car celui-ci s’occupe justement de fournir une tension peu sensible à cette capacité parasite du câble. En revanche, les guitares électriques passives et certaines activent souffrent du phénomène. Après tout, les micros de guitare sont justement de grosses bobines, et les potentiomètres de guitare ont des valeurs très élevées (souvent 250kΩ ou plus !).

En électronique, avoir une bobine et/ou une résistance puis un condensateur forme ce qu’on appelle un filtre. En l’occurrence, avec le montage de notre guitare et du câble, ce filtre est un passe-bas, autrement dit il coupe justement les aigus. Ceux-ci sont d’autant plus coupés que la capacité parasite est grande, ce qui explique pourquoi de mauvais câbles font perdre autant d’aigu !

Schéma électronique d'une guitare branchée

Je vous ai reproduit le schéma d’une guitare électrique, avec son micro, son réglage de volume, de tonalité et le condensateur qui influe sur la tonalité. Le condensateur appelé Parasite est celui situé dans le câble. Prenons l’exemple d’un micro simple de guitare, genre stratocaster, et imaginons que les réglages de volume et tone sont à fond. Un micro simple a en gros une résistance interne de 6kΩ et une inductance d’environ 3H.

NB : H c’est le symbole du Henry, l’unité de mesure de l’inductance électrique.

Si on prend, un câble de 10m de marque peu recommandable, on se retrouve avec environ 2000pF de capacité parasite. Le câble commencera à couper les fréquences au-delà d’environ 2kHz. Quand on sait que l’oreille humaine entend jusqu’à 20kHz, pas étonnant qu’on perde des aigus et du claquant : le câble les absorbe ! Quand on passe sur un excellent câble comme le Sommer Spirit LLX (52pF par mètre), on remonte la fréquence critique à 4kHz. Une guitare génère assez peu de fréquence au-dessus, c’est donc idéal.

Et pour un micro double alors ? Comme on a deux fois plus de résistance et d’inductance, on coupe encore 40% plus bas qu’un micro simple. Le son devient alors vraiment sourd et n’est pas agréable.

Pour les plus curieux, je vous ai représenté les deux courbes lorsqu’on prend un micro simple. En vert, le meilleur câble monte clairement plus haut (plus à droite) que le mauvais câble, en rouge.

Réponse en fréquence avec deux câbles différents

3. L’astuce pour un son de guitare clair

Maintenant que vous savez que le choix du câble-même a un véritable impact sur le son, comment choisir le bon câble ? Déjà, prenez toujours un câble dont vous connaissez la capacité parasite, et vérifiez qu’elle est faible. Je recommande spécifiquement le Sommer Spirit LLX qui est pour moi le meilleur câble de guitare. Vous trouverez d’autres références sur le lien suivant : http://www.shootoutguitarcables.com/guitar-cables-explained/capacitance-chart.html.

Ensuite, sachez que plus un câble a un gros diamètre, plus la capacité parasite est faible, car la tresse est plus éloignée de l’âme. Enfin, prenez toujours un câble avec un bon blindage : plus celui-ci est fin et dense, meilleur il est, mais au prix d’une capacité parasite plus élevée et d’une plus grande rigidité du câble. Si le câble dispose d’un blindage simple avec une tresse, il ne protègera vraiment pas assez le signal de guitare des interférences. Prenez donc un câble maillé finement et avec deux ou trois couches de blindage.

Vous pouvez aussi réduire la longueur de votre câble si vous n’avez pas besoin d’autant. Si vous passez par un pedalboard, c’est là qu’un buffer a toute son utilité ! Il viendra séparer le signal entre la guitare et l’ampli pour le rendre plus costaud et robuste. Je décris en détail son fonctionnement dans un futur article si ça vous intéresse.

J’espère qu’avec cet article vous comprenez un peu mieux pourquoi le câble reste un élément central et à ne pas négliger pour avoir un son de guitare qui vous plaît. Vous pouvez bien sûr choisir volontairement d’avoir un son plus sombre en prenant un câble avec une plus forte capacité électrique, mais faîtes toujours attention qu’il soit suffisamment blindé ! Enfin, l’utilisation d’un buffer est particulièrement recommandée dans un pedalboard complexe. Je montre d’ailleurs ici quels choix je fais en cablant mon pedalboard pour la scène ! N’hésitez pas à laisser un commentaire si quelque chose vous semble difficile à comprendre. Bonne musique !

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