Le flanger est à mon humble avis le meilleur effet de modulation jamais inventé. A la fois capable de remplacer un...
Comprendre les effets de saturation
Qui dit guitare électrique dit forcément saturation ! Depuis l’invention de la guitare électrique, les guitaristes ont toujours cherché des moyens de détourner le son de leur instrument pour le rendre de plus en plus sale. Au grand dam de l’inventeur même de la première guitare électrique solid body, Léo Fender, qui a passé sa vie entière à concevoir les amplificateurs les plus puissants possible, avec le son le moins saturé possible.
Mais si dans les années 60, le seul moyen d’obtenir ce son crunch était de faire rugir son ampli, de nos jours il suffit de choisir la bonne pédale de saturation. Tout le problème est de savoir laquelle, car il y en a tout un paquet ! Pas de panique : dans cet article, je vais vous expliquer la différence entre la fuzz, la distorsion et l’overdrive. C’est parti pour un voyage dans le passé !
1. La fuzz : l’excellence du son vintage
Historiquement, c’est la première pédale de saturation à être apparue, en 1962, avec la Maestro « Fuzz-Tone » FZ-1. L’effet était tellement novateur qu’aucune personne chez Maestro ne savait réellement comment ils pourraient la vendre. Leur argument marketing ? « Faîtes sonner votre guitare comme un tuba, un trombone ou une trompette ! ».
Le produit n’a pas fait grand bruit à l’époque, jusqu’au jour où le groupe Rolling Stones monte une maquette d’un nouveau morceau dont l’introduction devait être jouée par des cuivres. Pour la démo, Keith Richards utilise la Maestro FZ-1 pour donner une idée de la ligne de cuivre principale, mais l’enregistrement finira sur le morceau final : (I can’t get no) Satisfaction.
Par la suite, les années 60 ont vu fleurir une multitude de pédales de fuzz, avec des réglages pour en affiner le timbre, plus de gain pour mieux maintenir les notes et ne plus les couper aussi sèchement qu’avec la Maestro FZ-1, voire carrément en rajoutant une octave supérieure automatiquement dans le son ! C’est ce son qui caractérise les pédales de fuzz : velu, agressif, parfois avec un côté très fluide, parfois au contraire très sec.
Idéales pour les solos, elles ont souvent du mal à accepter les accords sans faire une bouillie sonore. Ce ne sont pas des pédales qui font dans la dentelle, et elles conviendront parfaitement aux fans des années 60 et 70 pour obtenir un son saturé « à l’ancienne ». Il en existe plusieurs gammes que j’explorerai avec vous dans un futur article.
2. La distorsion : au cœur du grunge, du hard-rock et du metal
Dans les années 70, la mode des pédales d’effet est lancée. De nouveaux effets apparaissent notamment dans une petite entreprise de New York, Electro-Harmonix. Fondée par Mike Matthews en 1968, elle fabrique notamment un « sustainer », l’ancêtre de la pédale de distorsion moderne, à la fois pour différents fabricants comme Guild et sous leur propre nom.
Le circuit est beaucoup plus stable que les fuzz de l’époque, utilise des composants moins coûteux et surtout tient beaucoup mieux les notes jouées : la Big Muff Pi est immédiatement adoptée par les plus grands guitaristes de la planète, notamment David Gilmour qui en forgera la réputation. C’est notamment cette pédale qui sera utilisée sur les premiers album de Pink Floyd et le fameux solo de Comfortably Numb.
En une dizaine d’années, un nouveau type de composant électronique, l’amplificateur opérationnel, devient très peu coûteux à produire et descend du piédestal des premiers ordinateurs et du matériel scientifique et militaire pour arriver dans les produits grand public.
Grâce à l’arrivée de ce composant, à la fois moins coûteux et plus pratique, la distorsion se popularise grâce à des marques comme Maxon, Ibanez et Boss. Sur le plan sonore, la distorsion est essentielle au son rock, hard-rock, grunge et metal, et c’est un effet idéal pour jouer des solos comme des rythmiques grâce à sa capacité à conserver les accords.
Le son est un peu moins agressif qu’une fuzz, est beaucoup plus contrôlé et moins criard. La distorsion permet au guitariste de se faire entendre sans avoir à pousser son amplificateur ou à percer les oreilles de l’ingénieur du son avec une fuzz criarde.
3. L’overdrive : le grain typique du blues et du rock
Même si cet effet est le plus doux des trois évoqués aujourd’hui, c’est bien celui qui est apparu en dernier. En 1973, la marque d’instruments de musique électronique Roland fonde une division dédiée aux pédales d’effet, après quelques essais sous leur nom.
C’est donc Boss, avec des boîtiers à la forme immédiatement reconnaissable, qui invente la première pédale d’overdrive à porter ce nom-là, la OD-1. Alors que les circuits précédents utilisaient principalement des transistors, l’OD-1 fonctionne grâce à ce nouveau composant, l’amplificateur opérationnel, accompagné de diodes qui sont utilisées conjointement pour saturer le son de l’instrument.
Grâce à leur agencement, il n’est plus question ici d’avoir besoin de beaucoup de gain pour avoir un effet audible et des notes tenues, il suffit de jouer avec plus ou moins d’intensité pour entendre immédiatement une différence sur le son. La saturation produite est beaucoup plus douce et réagit mieux au jeu du guitariste, il peut alors se contenter de régler le volume de sa guitare pour passer du son clair d’une rythmique au son saturé du solo.
La concurrence adopte immédiatement cet effet, et la pédale d’overdrive la plus connue est la fameuse Tube Screamer, née quelques années plus tard. C’est elle qui fera la renommée de Stevie Ray Vaughan, couplée à son jeu de guitare unique. Il en utilisera même plusieurs ensemble sur certains morceaux !
L’overdrive est bien plus calme que ses grandes sœurs, avec un son très dynamique qui dépend du jeu du guitariste. Grâce à sa capacité à conserver notes fluides et accords, elle trouvera sa place chez un bluesman. Généralement, elle viendra couper un peu les basses du son et augmenter les mediums pour un son plus chaud, ce qui la rend également idéale pour booster une deuxième pédale ou bien un amplificateur à lampe. C’est d’ailleurs l’une des clefs du son metal ! Cette technique est appelée le stacking, et j’en parle en détail dans un autre article.
Comme vous avez pu le voir, le monde des effets de saturation est vaste. Il est difficile de résumer toutes les variantes, mais la fuzz, la distorsion et l’overdrive sont les trois catégories les plus reconnues. Si vous débutez à la guitare et que vous souhaitez retrouver le son de vos artistes préférés, renseignez-vous sur les effets qu’ils utilisent. Il y a fort à parier qu’au moins une pédale de saturation s’y trouve, c’est un bon premier pas vers le son que vous recherchez !
Enfin, si vous n’avez pas de préférence particulière et que vous voulez pouvoir jouer tous les styles, je recommande de regarder d’abord du côté des overdrives. Là encore, il en existe des tonnes, encore un thème à aborder en détail ! Et vous, plutôt fuzz retro, overdrive légère ou grosse distorsion metal ? Dîtes le moi dans les commentaires !
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