Le flanger est à mon humble avis le meilleur effet de modulation jamais inventé. A la fois capable de remplacer un...
Le guide des effets de modulation
Bienvenue dans cet article dédié à une catégorie d’effet à part entière, j’ai nommé les effets de modulation ! Ces pédales d’effet fonctionnent en général aussi bien sur guitare que sur basse ou même sur clavier et synthétiseurs. On les utilise généralement pour donner une sensation de mouvement au son, une variation régulière qui peut être douce ou extrême… bref, une modulation. Je vous propose aujourd’hui de regarder les trois plus connues et leurs différences, j’ai bien nommé le phaser, le chorus et le flanger !
1. Le phaser : doux et discret
Le phaser est historiquement le premier des trois effets de modulation que je vous présente aujourd’hui. Le premier phaser est la Univibe de Shin-Ei, qui affiche pourtant les noms de chorus/vibrato ce qui n’est pas franchement pratique pour se repérer. La première pédale de phaser à porter réellement ce nom-là est la Phase 90 de MXR, fabriquée depuis 1974.
Bien que la Univibe donne une forte pulsation au son, rappelant les cabines Leslie avec haut-parleurs rotatifs, la majorité des phasers sur le marché restent assez discrets. Le son est caractérisé par une sorte de mouvement, où certaines fréquences donnent l’impression de disparaitre. Cela s’entend encore plus sur les sons saturés, et cet effet a notamment été utilisé par Eddie Van Halen. Ecoutez donc Eruption sur le lien suivant, la guitare n’a d’abord aucun effet de modulation, puis celui-ci est enclenché au bout de 47 secondes. On entend comme un mouvement dans le son, qu’on remarque plus facilement sur les notes tenues (comme la note finale).
Pour le détail technique, le nom de phaser provient du fait que cet effet créer une copie du signal de votre instrument, mais en retardant un tout petit peu certaines fréquences. En combinant cette copie au signal d’origine, on va voir apparaître des « trous » de fréquences lorsque la copie et l’originale s’annulent, et des « bosses » là où elles se complètent. Plus le phaser contient « d’étage », plus il y aura de creux et de bosses à diverses fréquences, et plus l’effet sera prononcé.
Source : unison.audio
2. Le chorus : le choix du choeur
Le chorus est né peu de temps après le phaser, en 1976, avec le Boss CE-1. Mythique chorus utilisé par à peu prêt tout le monde, il est en fait extrait de l’ampli Jazz Chorus de 1975, lui aussi absolument mythique. On retrouve notamment James Hetfield de Metallica, Andy Summer chez The Police, Mike Rutherford pour Genesis, John Frusciante avec les Red Hot Chili Peppers… bref, du beau monde. L’objectif du chorus n’est pas seulement de créer une sensation de mouvement, mais carrément de donner l’impression que le son est dédoublé ! Ecoutez donc l’intro de Come as you are (Nirvana), où Kurt Cobain se sert d’une Electro-Harmonix Small Clone pour obtenir ce son presque liquide.
Contrairement au phaser, qui ne retarde qu’un tout petit certaines fréquences, le chorus retarde beaucoup plus l’intégralité du son. Ainsi, toutes les fréquences sont concernées, et exit les bosses et les creux discrets, place à un vrai duplicata du son de l’instrument ! Pour éviter que le son ne soit trop figé, le chorus modifie lentement le retard de la copie par rapport à l’original. Cela a pour effet de modifier la hauteur de la note ! Généralement, on peut choisir à quelle vitesse et à quelle intensité la copie est retardée.
Là encore, le chorus se produit lorsque l’original et la copie s’additionne, mais si on ne garde que la copie modulée, on obtient… un vibrato ! C’est ce qui donne la variation de hauteur de note qu’on entend dans la guitare de Matthew Bellamy sur Euphoria, et qui participe au son presque de synthétiseur qu’il obtient.
3. Le flanger : une présence métallique
L’Electro Harmonix Electric Mistress, en 1976, propose le tout premier flanger format pédale du marché ! Auparavant, cet effet n’était présent qu’en format rack 19 pouces, pas très pratique à transporter. Dans sa structure, il est très proche du chorus, mais propose un retard plus court du signal. Si cela le rend d’abord plus discret, sa véritable force est sa résonance : le flanger sonne extrêmement métallique ! David Gilmour s’est longtemps servi d’une Electric Mistress « v2 » avec Pink Floyd, mais c’est pour moi Andy Summer qui en fera le meilleur usage en le rapprochant d’une sorte de « chorus métallique ». Ecoutez donc l’intro de Walking on the Moon ! Clairement, le flanger est pour moi l’effet de modulation ultime.
Cet effet métallique provient de la façon dont le circuit est agencé. Cette fois-ci, au lieu de se contenter d’une seule copie du son de l’instrument, le flanger va réinjecter sa propre copie dans le système de retard. Tout d’un coup, une résonance apparaît, et elle peut vite devenir incontrôlable si le circuit est mal conçu ! Les flangers ont donc souvent un réglage supplémentaire de résonance qui permet de doser sa force.
Comme vous avez pu le voir, les trois effets de modulation principaux développés ici utilisent l’idée de mélanger le son d’origine de votre instrument à une version plus ou moins retardée. Pour autant, la différence reste flagrante ! Entre la douceur crémeuse du phaser, l’effet aquatique du chorus ou le son métallique du flanger, il y a forcément une modulation qui vous intéresse. On les place souvent après les effets de saturation et avant les effets temporels, mais ce n’est pas obligatoire ! Enfin, il existe d’autres effets dans la catégorie des modulations que je développerai dans un prochain article. Restez donc à l’affût, et n’hésitez pas à laisser vos questions sous ce post !
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