Découvrons ce qui fait une bonne alimentation, comment la choisir et comment lire leurs étiquettes pour éviter de...
Le mythe de l'overdrive transparente
Aujourd’hui, je souhaite éclaircir toutes les zones d’ombres qui planent sur le terme d’overdrive « transparente ». On voit ce terme utilisé à tort et à travers pour à peu près tout et n’importe quoi, notamment ces dernières années. Pourtant, assez rares sont les pédales à avoir été qualifiées comme telle avant les années 90. Véritable évolution de l’overdrive ou mythe marketing, c’est ce que nous allons explorer ensemble.
1. Introduction
La première pédale à laquelle on pense lorsqu’on parle d’overdrive transparente est bien entendu la Klon Centaur, inventée par Bill Finnegan en 1994. Par sa construction, le réglage de gain agit plus comme un réglage entre le son neutre de la guitare (gain à zéro) et le son saturé de l’overdrive (gain à fond). Entre les deux, on obtient donc un mélange entre le son neutre et saturé. Cela explique certainement pourquoi en 1996, le journal Sound Check indique que la Centaur « est conçue pour compléter n’importe quel amplificateur et guitare électrique et fonctionne presque comme un élément transparent ». C’est la plus vieille référence au terme transparent que j’ai pu trouver lors de mes recherches !
Au NAMM Show de 1998, la marque Menatone annonce la Red Snapper, dont le site web indiquera en 2004 qu’il s’agit de « l’overdrive transparente ultime » et dont le schéma rappelle une Tube Screamer largement moddée.
La Timmy, de Paul Cochrane, version miniature de la Tim conçue en 2004, est aussi citée comme la première apparition moderne du terme « transparent ». C’est cette pédale qui popularisera réellement le terme. Plus récemment, c’est la Greer Amps Lightspeed, datée de 2014 et toujours utilisée à Nashville, qui se range dans cette catégorie.
On retrouve aussi la Nobels ODR-1, conçue bien avant, en 1985, qui est régulièrement qualifiée d’overdrive « transparente » et précisément utilisée par les musiciens de Nashville, aux Etats-Unis. N’étant pas né à l’époque, difficile de retrouver des publicités qui la mentionne, mais je mettrais ma main à couper qu’elle n’est rentrée dans la catégorie des overdrives transparentes qu’une fois la Timmy sortie, presque 20 ans après sa commercialisation !
On voit tout de suite le souci… Le terme est de nos jours appliqué à peu près à tout et n’importe quoi : la Fulltone OCD et même la Tube Screamer se retrouvent affublées de cette dénomination suivant les publicités et les forums que l’on lit !
2. C’est quoi alors, une overdrive transparente ?
Lorsqu’on parle de transparence, on imagine facilement que la lumière puisse traverser un matériau sans couleur, sans changement, et on s’attend donc d’un overdrive « transparent » qu’il fasse la même chose. C’est-à-dire laisser passer le son, en le saturant – le côté overdrive – sans pour autant altérer le timbre ou le caractère sonore. Logiquement, on se dit alors qu’il s’agit bêtement d’une overdrive qui ne booste pas de fréquence particulière, qui se contente de saturer uniformément tout le signal de guitare.
Pourtant, lorsqu’on regarde les réponses en fréquence – ces schémas qui permettent de savoir à quel point les basses, mediums et les aigus sont atténués ou amplifiés – on se rend vite compte que non seulement rien n’est plat, mais les fréquences choisies ne sont pas les mêmes sur toutes les pédales. Pourtant, la façon dont ces effets amplifient ou abaissent certaines fréquences plutôt que d’autres est absolument critique : trop de basse et le son devient baveux, pas assez d’aigus et on perd toute l’attaque, des mediums trop creusés et l’instrument ne s’entend plus sur scène… La réponse en fréquence impacte directement le son de la guitare, le jeu du guitariste et le plaisir des auditeurs. Dans notre cas, c’est même ce qui détermine quelle fréquence sature plus qu’une autre.
Tous les réglages sont à midi pour ces simulations, sauf pour le volume qui est ajusté pour pouvoir comparer plus facilement. On remarque tout de suite que la Timmy booste les aigus, alors que l’ODR1 a tendance à les couper. A l’inverse, l’ODR1 est la seule à vraiment conserver des graves là où les autres les retirent. Enfin, la Klon est la seule pédale avec autant de différence entre les mediums et le reste, coupant les aigus plus tôt mais plus doucement que l’ODR1. Quel bazar, aucune n’est identique !
Comment définir alors ce qu’est véritablement une overdrive transparente ? Comment justifier qu’une overdrive peut avoir une telle appellation ? Je vous propose la définition suivante :
« Une overdrive est dite transparente lorsqu’elle permet de conserver le caractère de l’amplificateur et de la guitare utilisée, de préserver le jeu du guitariste et la dynamique naturelle de l’instrument. »
Autrement dit, on ne parle plus vraiment d’égalisation, mais de dynamique de jeu. De cette façon, la Klon Centaur qui mélange du signal clair au signal saturé avec son réglage de gain permet tout à fait de garder les attaques des notes. C’est aussi ce que permettent la Timmy et la Lightspeed car elles ont au moins 4 diodes montées en soft clipping – on rappelle que plus il y a de diodes, plus la saturation est légère et tardive. De plus, la Lightsped conserve naturellement les basses, ce qui permet de l’utiliser sur des accordages plus graves sans dénaturer le son de l’instrument.
En revanche, la Fulltone OCD et la Tube Screamer, et la Menatone Red Snapper dans une certaine mesure, ont tendance à laisser leur empreinte sur le son, qui devient assez reconnaissable. Elles viennent typer, colorer le son, et ne devraient à mon sens pas appartenir à la catégorie d’overdrive transparente – bien que la Red Snapper ait une course de gain très grande, ce qui permet de s’en servir de boost également et justifie un peu plus son appellation. La Nobels ODR1 n’a pas tendance à conserver la dynamique, car elle utilise à la fois du soft clipping et du hard clipping, ce qui la rapproche davantage d’une véritable distorsion. Cependant, sa réponse en fréquence est la plus neutre de toutes les pédales étudiées. Malgré cela, je trouve qu’elle colore trop le son pour réellement mériter son titre de plus vieille overdrive « transparente ».
3. Conclusion
Finalement, l’overdrive « transparente » est un mythe : avec des réponses en fréquence qui jouent aux montagnes russes ou une dynamique de jeu plus ou moins respectée, le marketing s’est tellement réapproprié le terme qu’il est difficile de se faire une bonne idée du son qu’on va obtenir. Si vous recherchez une overdrive qui sature uniformément toutes les fréquences, c’est plutôt le terme « full-range » qui s’applique, alors que la transparence vient plutôt de la conservation de la dynamique de jeu. Certaines pédales comme la Greer Amps Lightspeed possèdent un peu des deux caractéristiques : une réponse en fréquence très large, qui descend dans le grave, et beaucoup de dynamique – encore plus que la Timmy ! Cela fait de cette pédale l’effet parfait pour le bluesman. Sa consœur, la Southland, est une version distorsion bien plus charnue et qui vient au contraire imposer un caractère propre au son de guitare, plus orientée rock. Pour ma part, ce sont ces deux pédales dont je me suis inspiré pour concevoir la Tone Oven, qui correspond à ma définition de l’overdrive transparente parfaite : chaude, dynamique et polyvalente. Foncez la découvrir !
Laisser un commentaire