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Quelle alimentation choisir pour ses pédales

Votre pedalboard commence à être bien fourni, vous avez investi dans les meilleurs pédales d’effet boutiques françaises et pourtant, vous rencontrez un problème : du bruit. Du buzz, du hum, des sons bizarres graves ou aigus. Mais d’où peut bien venir cette panne ? Ferait-on vraiment du si mauvais travail pour que toutes ces pédales soient incompatibles ? Pas du tout, car le cœur de votre pedalboard, c’est son alimentation. Souvent négligée, l’alimentation d’un pedalboard est pourtant cruciale pour garantir un son propre et sans parasite. Dans ce tutoriel, je vais vous expliquer comment bien lire les paramètres de son alimentation et comment choisir celle qui nous convient.

1. AC/DC, connecteur et polarité

Jetons d’abord un œil à une alimentation simple, sous la forme d’un bloc qu’on branche à une prise murale d’un côté et à un connecteur qui vient s’enficher sur la pédale qu’on souhaite alimenter.

Le premier paramétrer important est de vérifier quelle est le type de tension délivrée par l’alimentation : soit alternative (symbole de vague), soit continue (un trait long avec trois traits court en-dessous). La quasi-totalité des pédales de nos jours sont alimentées en tension continue.

AC DC.jpg

La deuxième chose à vérifier est le type de connecteur dont vous avez besoin. La majorité des pédales utilisent des connecteurs cylindriques de diamètre extérieur 5.5mm et de diamètre intérieur 2.1mm. Il existe encore de rares pédales qui héritent de l’ancien format de prise, le jack 3.5mm ! Je pense notamment à l’Ibanez TS808 Reissue, la Proco RAT ou l’Electro Harmonix Big Muff Pi. Il faudra alors soit une alimentation qui a la bonne prise, soit un adaptateur 2.1mm vers jack 3.5mm comme celui-ci.

Enfin, il faut vérifier la polarité de l’alimentation. Dans les logos ci-dessous, qu’on retrouve sur les blocs d’alimentation, le point symbolise le centre tandis que la couronne représente le diamètre extérieur de l’alimentation. On peut soit avoir un centre positif et un extérieur négatif (le plus courant sur les équipements électroménagers), soit un centre négatif et un extérieur positif (le plus courant sur les pédales d’effet). Il faut donc faire très attention à utiliser la bonne polarité pour être certain de ne pas griller sa pédale ! D’autant plus que la plupart ne sont pas protégées contre les inversions de polarité. Heureusement, les pédales TAMPCO disposent d’une protection pour éviter cela. ?

2. Tension et courant

Que la tension soit alternative ou continue, il faut toujours respecter la tension demandée par une pédale. Si une pédale indique uniquement 9V, on ne s’amuse donc pas à lui fournir 18V sans avoir contacté le fabricant au préalable, car une surtension est mortelle pour la plupart des composants ! En revanche, donner 9V à une pédale qui attend 12V ne l’abimera généralement pas, elle se contentera juste de ne pas fonctionner correctement. Dans tous les cas, je recommande fortement de ne pas trop jouer à survolter sa pédale, même pour espérer avoir plus de « headroom », encore un mythe auquel je m’attaquerai plus tard… Quand c’est 9V, c’est 9V, point !

Pour le courant, c’est plus subtil ! Si une pédale indique, par exemple, consommer 100mA, il faut que l’alimentation soit capable de délivrer au moins 100mA (on rappelle que 100mA = 0.1A, 1000mA = 1A, etc…). C’est un peu comme un seau qui fuit : pour le garder remplit il faut que le robinet amène au moins autant d’eau que le seau n’en perd. Si l’alimentation ne peut pas fournir suffisamment de courant, elle risque de surchauffer et de brûler. A éviter donc !

Aller, petit exercice, que lit-on sur l’alimentation suivante ?

On peut y lire que l’alimentation est de type centre négatif, a une tension de sortie de 9V continue et délivre une intensité de courant jusqu’à 0.5A, soit 500mA. De plus son connecteur est bien cylindrique avec un diamètre intérieur de 2.1mm (tout simplement parce qu’il rentre sans forcer et sans jeu dans une pédale !). Cette alimentation est donc adaptée pour alimenter une pédale d’effet habituelle, type Boss, MXR, Ibanez ou TAMPCO ! Pour autant, je ne peux pas recommander cet adaptateur en particulier en raison du bruit qu’il génère, mais on y revient tout de suite.

3. La guirlande

Si on a envie d’alimenter plusieurs pédales à partir d’un seul bloc d’alimentation, on peut utiliser une guirlande (aussi appelée araignée, ou « daisy chain » en anglais). Pour cela, il faut que toutes les pédales aient la même tension, et que le courant maximal de l’alimentation soit supérieur à la somme des courants de chaque pédale. Pour reprendre ma métaphore du seau percé, c’est comme si on avait un trou par pédale ! L’inconvénient majeur de ce câble, c’est qu’il propage les parasites qu’il capte entre toutes les pédales qui y sont connectées. Cela peut être une pédale particulièrement bruyante, généralement numérique, qui va polluer d’autres pédales analogiques, par exemple. De plus, comme toutes les alimentations sont communes, on retrouve un phénomène de boucle de masse : un bruit résiduel basse fréquence (hum) peut alors apparaître et se renforcer s’il y a de nombreuses pédales connectées à la même guirlande ou qu’on alimente à la fois des effets avant l’ampli et dans sa boucle d’effet. Ces guirlandes sont pratiques et peuvent dépanner, mais je recommande de ne pas dépasser trois pédales sur la même guirlande et si possible de les éviter totalement.

4. L'ultime solution : l'alimentation dédiée

La solution pour éviter ce phénomène est d’utiliser une très bonne alimentation pour pedalboard. On en trouve entre 30 et 300€, et toutes ne se valent pas ! Choisissez-en une avec suffisamment de sorties pour toutes vos pédales, et dont les tensions et courants disponibles permettront de de les alimenter correctement. Certaines ont même des réglages pour changer la tension de certaines sorties ! De plus, pour choisir une alimentation de bonne qualité, il faut qu’elle soit filtrée, régulée et isolée.

Comme une alimentation continue se branche sur le secteur, qui est alternatif, il faut bien transformer la tension alternative en tension continue. Pour cela, on utilise des diodes, mais elles laissent beaucoup d’ondulations résiduelles ! Il faut alors y adjoindre un condensateur pour lisser ces ondulations. Plus le condensateur est gros, meilleur est le filtrage. Certains blocs d’alimentation « passe-partout » disposent d’une tension variable, ou de plusieurs connecteurs de sortie, pour s’adapter à n’importe quel appareil. Ces blocs ne sont pas suffisamment filtrés pour une utilisation dans de l’audio, on entendra donc un énorme buzz (hum) lorsqu’on les utilisera, pas pratique !

Une alimentation régulée va encore plus loin : non seulement elle filtre cette tension résiduelle, mais elle utilise des composants spécialisés, les régulateurs, pour enlever encore plus d’ondulation. Le résultat est ainsi bien meilleur, la tension est beaucoup plus stable et aura beaucoup plus de mal à perturber notre son.

Enfin, une bonne alimentation doit être isolée. Les blocs simples utilisent toujours un transformateur pour s’isoler du secteur, notamment pour des raisons de sécurité. En revanche, une alimentation multiple telle qu’une guirlande n’isole pas toutes ses sorties. Comme expliqué plus haut, cela peut générer des boucles de masse et entretenir les parasites. Il faut donc choisir une alimentation dont chaque sortie est isolée les uns des autres. Et ici, on ne parle pas juste d’avoir un régulateur pour chaque sortie : il faut réellement que les masses soient isolées entre elles aussi ! Pour savoir si votre alimentation est vraiment isolée, rien de plus simple. Avec un multimètre en mode bipeur (continuité), toucher les centre de deux alimentations. Si ça bip, c’est perdu ! Parfois, les sorties sont isolées par bloc, comme sur les Anasounds K+. Cela signifie que les pédales d’un même bloc partagent la même masse et ne sont donc pas isolées entre elles. Il faut penser répartir les blocs isolés entre les pédales placés en amont de l’ampli et celles placées dans la boucle d’effet pour éviter les mêmes problèmes qu’une guirlande, voire parfois sacrifier quelques sorties pour une pédale particulièrement bruyante (pédale numérique par exemple).

Enfin, malgré tout cela, certains fabricants ne prennent toujours pas la peine de correctement filtrer leurs pédales, et le bruit du bloc de découpage se propage dès lors que plusieurs pédales sont branchées (c’est le cas des alimentations chinoises de chez Caline par exemple). La raison porte un nom obscur : il s’agit de bruit en mode commun, qu’il convient de filtrer aussi avec des composants spécifiques. Concevoir une alimentation, c’est vraiment tout un art !

Avec la bonne alimentation, vous allez enfin pouvoir profiter pleinement de vos effets ! Une alimentation de pedalboard dédiée est la meilleure solution, et je recommande par exemple les alimentations de la série Walrus Canvas, de chez Cioks ou la Strymon Zuma. Si vous voulez acheter français, jetez un œil aux Anasounds K+. Enfin, si vous avez un petit budget, je suis assez content des Harley Benton série ISO Pro, même si j’ai lu que certains ont eu des problèmes avec. Dans tous les cas, vérifiez bien que la caractéristiques des blocs d’alimentation que vous utilisez sont les bonnes. Maintenant que vous savez lire un bloc d’alim, vous n’avez plus d’excuse ! ?

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